L'acceptation d'A. Desjardins

L'acceptation d'Arnaud Desjardins n'a rien à voir avec la résignation.

Accepter dans le sens d'Arnaud Desjardins, c'est accepter que ce qui est soit. Il faut donc dés-espérer (ne plus espérer) pour accepter ce qui est et cette acceptation mène au désespoir d'André Comte-Sponville, c'est-à-dire un état sans attente. Accepter dans le sens d'Arnaud Desjardins, c'est aussi accepter de ressentir. Le refus du ressenti est ce qui donne sa puissance à l'esprit inconscient. Accepter de ressentir assouplit le mécanisme coercitif naturel de l'inconscient et permet une meilleure connaissance de soi. 

Au niveau artistique, pour ceux que ça intéresse, c'est important de mettre son inconscient à jour parce que le conditionnement social, bien qu'indispensable pour vivre en société, est par définition conforme à la conscience collective. De ce fait, il couvre la personnalité individuelle profonde de l'artiste et l'empêche d'exprimer cette autre réalité dont les artistes sont censés témoigner.

Le talent d'acteur est une cerise sur le gâteau. Arnaud Desjardins a beaucoup fréquenté le cours Simon dans sa jeunesse, il a très clairement fait le lien en donnant avec l'Orangerie une activité artistique à Hauteville. 

En ce qui me concerne, je veux ressentir pour répondre à la question existentielle qu'André Comte-Sponville se pose : Et si le cerveau avait tort ? "Quel crédit accorder à mon cerveau puisqu'il n'a de crédit que lui-même ?" (A.C-S). En ressentant, j'aurai une réponse en dehors du cerveau, en dehors de l'intellect, en dehors de l'environnement et de l'éducation, une réponse originale. En tous cas, j'ai l'air de vachement y croire.  

Artistiquement, oui, j'y crois. Ou plutôt non, je ne le crois pas, je le sais. J'ai vu la différence.

Arnaud Desjardins invitait les gens qui lui accordaient du crédit à interpréter leur vie au lieu de la subir, son acceptation n'avait pas pour but de faire des gens des moutons bêlants.